samedi 24 mars 2012

Motricité du tout petit : "Y veut pô"

Dans ma dernière note sur Pikler, je vous parlais de la réunion du groupe Lyonnais de l’association Pikler Loczy intitulée : Je joue, donc je pense ! Les enjeux du jeu dans la construction de la pensée. On a donc encore parlé de Motricité libre. Si vous avez bien tout suivi (sinon au boulot) vous savez déjà en quoi consiste une séance de motricité libre avec un tout petit. 

Pourtant, lorsqu’il m’arrive d’en parler avec mes collègues, elles me disent souvent : « Ah oui, mais le "mien", il ne veut pas rester sur le tapis ! Il hurle » Partant de ce postulat : « Y veut pô !! », je vais tenter de vous expliquer comment ça se passe chez moi, tout en essayant de repérer ce qui pourrait ne pas coller chez vous. Passons donc de la théorie à la pratique. 

Donc voila, une séance de motricité libre pour un tout petit, ça consiste à le déposer au sol sur un tapis dans un environnement que vous aurez choisi pour lui, entouré de jeux méticuleusement sélectionnés en fonction de ses capacités et de son développement et le laisser jouer sans intervenir directement dans ses jeux. 

Chez moi, j’ai choisi ce type de tapis (j’en ai acheté 2) : 

photo du site Bourrelier Education


Niveau confort, c’est l’idéal. Je regrette peut être simplement de l’avoir choisi si épais, les 4 cm d’épaisseur m’obligent parfois à sécuriser tout le tour lorsque les bébés ne maitrisent encore pas bien les retournements. Un petit 2 cm aurait probablement suffi. Mais bon, d’un autre côté, ces tapis n’auraient peut être pas résisté à l’épreuve du temps ; au prix où ça coûte autant ne pas avoir à en racheter tous les ans !!! Ceux là tiennent le choc depuis 6 bonnes années alors que, lorsque je n’ai pas de bébés à la maison, ils sont recyclés en tapis de gym pour les plus grands (dans les plus grands, j’inclus la nounou quand un brin de volonté se présente, vous savez les bonnes résolutions tout ça……). Et puis d’un autre côté, lorsque les bébés deviennent un peu plus hardis, le franchissement de cet obstacle de 4 cm s’avère être un jeu à part entière. Donc au final, le pour et le contre s’équilibrent. 

A cette étape là, l’erreur à ne pas commettre serait de choisir un tapis trop mou dans lequel l’enfant s’enfoncerait et qui gênerait donc sa motricité ou un tapis trop fin et trop léger qui se « déroberait » sous les mouvements de l’enfant. 

On serait tenté de déposer directement l’enfant sur le tapis, profitant de cette surface facilement lavable mais c’est oublier que ce revêtement plastique peut sembler très froid au petit et il vaut mieux recouvrir tout cela d’un drap. 

En ce qui concerne les jeux, ils doivent être simples, adaptés au développement de l’enfant et déposés sur le tapis (l’enfant ira se servir tout seul), surtout pas dans les mains de l’enfant. 

Ici, lorsque mini-crevette est arrivée aux alentours de 3 mois, ses jeux préférés c’était ça : 

Des tissus divers, des "trucs" antidérapants pour baignoire, un porte savon en plastique mou, des bouées  et bien sûr Sophie la girafe... 


Le gros truc rose, c’est une éponge de bain au départ comme celle-là : 


Oui elle est un peu déformée car quand on est en manque de bébés dans la maison, elle est, elle aussi, recyclée  par les plus grands et devient un filet pour pécher les requins ! Mais du coup, elle n’en est que plus intéressante pour les tout petits, car ils peuvent l’attraper encore plus facilement. Les bouées, c’est pour leur légèreté que je les ai choisies. 


On va laisser l’enfant manipuler seul ses jeux : il est donc important de ne pas choisir des jouets trop lourds. La balle à picot très souple (merci Valérie) est volontairement peu gonflée pour permettre une meilleure préhension par l’enfant.



Votre mini-crevette à vous ne veut pas rester sur le tapis ? Il faut peut être repenser son installation. Mini-crevette est peut être vraiment trop mini. Comme le disait Jean-Robert Appell dans sa conférence, les séances sur le tapis ne sont intéressantes que si l’enfant commence à s’intéresser à ses mains. Mini-crevette se sent peut être perdue sur le tapis : il faut alors restreindre l’espace en entourant l’enfant par des tissus (des serviettes de bains par exemple) et lui faire ainsi une sorte de petit cocon dont les dimensions seront plus adaptées. Il se peut aussi que le problème vienne du type de jeux choisi. Au départ, l’enfant va les attraper surtout par hasard. Pas la peine de dépenser des fortunes dans des jeux du commerce ; de simples morceaux de tissus colorés suffisent à son bonheur. 

A la maison, quand mini-crevette s’est transformée en razmoket, (on en est à l’étape commando !) ses jeux ont évolué. Maintenant elle s’intéresse surtout à ça :

Toujours les "trucs" antidérapants, les bouées, un trousseau de "poissons", un miroir  et sa structure  en mousse, un gros cube en tissus avec des choses dedans qui l'intéressent mais qu'elle ne sait pas encore atteindre, un hochet avec un grelot, des livres en carton ....


Certains jeux sont restés. Elle n'a pas fini de les explorer. Je n'enlève un jouet que lorsque je suis sûre que l'enfant ne s'y intéresse plus. Le miroir, ça fait vraiment partie des jeux que je ne regrette pas d’avoir acheté. Vraiment un bon investissement. C’est une valeur sûre. L’une des dernières utilisations de cet objet par la petite qui a maintenant 7 mois était passionnante à observer. Elle avait sans le vouloir retourné le miroir de façon telle qu’elle ne le voyait plus. Elle a passé 10 bonnes minutes à essayer de le remettre dans le bon sens, ce qui en dit long sur son évolution quant aux notions de permanence de l’objet et de géométrie.




Les poissons, elle aime bien les frapper au sol et vérifier si ça fait bien toujours du bruit. Vous remarquerez que si elle a fait le tour de la question concernant l’éponge (elle ne s’y intéresse plus) les bouées elles, sont toujours présentes. Il va de soi que ces jeux en plastique gonflable qui ne sont pas vraiment « prévus » pour les tout petits, retourneront dans les placards lorsque les dents feront leur apparition ! A la place, on sortira des corbeilles, ou autres contenants que l’enfant pourra remplir ou vider à sa guise. 

Alors, vous allez me dire que vous avez fait tout ça, mais que ça ne marche toujours pas : « Y veut toujours Pô » Peut être que l’emplacement du tapis est mal choisi. Il ne s’agit pas d’isoler l’enfant qui doit voir ce qu’il se passe dans la maison. Peut être aussi que sa tenue n’est pas adaptée. Un joli jean à la mode, c’est super beau pour aller jouer les belles au parc dans la poussette, mais sur le tapis ça peut entraver les mouvements. Si votre mini-crevette, ne peut même pas lever les jambes, effectivement ça ne va pas l’intéresser longtemps ! Mieux vaut lui enlever. Bien sûr les chaussures ne sont pas nécessaires non plus. Elles sont même totalement contre-indiquées. Si vraiment l’enfant semble ne pas accepter le tapis, vous pouvez dans un premier temps vous coucher avec lui, à ses côtés. Votre présente le rassurera. Au départ, les séances ne sont pas forcément longues. A la maison, on a commencé par des périodes d’une dizaine de minutes pas plus ! Il ne faut pas désespérer : ce n’est pas parce que ça n’a pas fonctionné une fois, que ce sera toujours pareil. Oui des fois « Y veut pô ». Le moment était peut être tout simplement mal choisi. Chez moi par exemple la petite est plutôt du matin ! L’après midi, elle aime mieux les bras de Nounou !! 

Une dernière chose aussi : je suis persuadée que ça ne peut marcher que si vous-même vous êtes convaincus des bienfaits que vous apportez au bébé en le laissant se mouvoir en liberté. Et pour ça, y’a pas de miracle, il faut se documenter, observer, apprendre. Livres, vidéos, conférences, sites internet : à vous de choisir votre méthode.

4 commentaires:

  1. Tres bon article, comme toujours.
    Attention au choix d’emplacement du tapis, s’allonger dessus comme l'enfant pour voir se qu'il perçoit de son environnement et aussi si il se trouve dans un courant d'air.
    Moi 'ai eu l courge de leur coudre des mini coussin en tissus de plusieurs matière un bonheur ou les petits et grands

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  2. L'enfant a souvent besoin de sentir notre présence, après être restée près de lui un moment, on peut aussi essayer la présence orale. Celle-ci est aussi rassurante, parler au bébé, et lorsque le besoin se fait sentir repasser à une présence physique ! Une étape aussi intéressante !

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  3. Cahy , on peut aussi ajouter : ne surtout pas mettre un coussin sous la tête du bébé "parce que vous comprenez , il n'aime pas être à plat dos "!
    Si,si,je t'assure ,j'ai entendu çà!

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  4. :) Coucou Nounouche. Ca fait plaisir de te voir passer là ! Je crois que le pire que j'ai entendu c'est de la part d'un pédiatre : "A son âge il FAUT qu'il joue assis !"

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