mercredi 23 février 2011

Réunion Pikler du 17 février 2011 : l'enfant dans sa deuxième année


Ayé, ayé, il arrive le cr. Vous étiez pressés hein ? Dites pas non !! C’est google analytics qui vous a dénoncés !!

Je l'avais annoncé sur la page lyonnaise, voici donc mon petit compte-rendu de la dernière réunion du groupe lyonnais de l’association Pikler. Elle était présidée par Sylvie Lavergne (psychomotricienne). Elle portait sur l’enfant dans sa deuxième année, donc pour celles et ceux qui auraient du mal à situer ….entre 12 et 24 mois !

C’est dans une salle comble que Sylvie Lavergne a pris la parole. Je suis moi-même arrivée juste à temps pour prendre l’une des dernières places assises, les retardataires ayant du s’asseoir par terre ! La prochaine fois comme l’a dit Sylvie avec beaucoup d’humour, l’association louera la halle Tony Garnier !! Dans l’assistance (en grande majorité féminine mais pas que !) se trouvaient principalement des personnes venant de lieux d’accueil collectif de la région (petites et grandes structures) ainsi que quelques assistantes maternelles dont Mme Soraya Souilah, présidente d’AAMADEL, que j’ai revue avec grand plaisir.

La soirée s’est déroulée en trois temps :

1 Un exposé sur l’enfant dans sa deuxième année ;

2 Un document filmé présentant des enfants dans leur lieu d’accueil et nous montrant aussi bien le développement psychomoteur de l’enfant que des pistes pour l’aménagement des lieux

3 Un débat où des questions ont été posées par l’assistance.

Sylvie Lavergne nous a donc présenté cet enfant qui n’est plus un bébé mais pas tout à fait un grand. On parle ainsi de l’adolescence de la petite enfance. Il est en pleine explosion motrice (marche), se dépense beaucoup, se sert beaucoup de ses mains. Il prend plaisir à se débrouiller seul (moi tout seul !!!) et prend de plus en plus sa place dans un groupe. C’est le démarrage des rapports sociaux avec ses pairs. Quand on l’observe, on voit qu’« il fait la révision de ce qu’il sait pour l’utiliser au service de ses relations » avec les autres membres du groupe. Il est curieux, explorateur. Il veut tout, tout de suite et maintenant ! Il est égocentrique et c’est d’ailleurs ce qui lui permet de se connaître de mieux en mieux. S’approprier les choses lui permet de se construire. Il n’est pas encore mature et apprend à être autonome. Il est en plein développement des équilibres moteurs et psychiques. Il a du mal à maîtriser ses émotions (à cause de son égocentricité). « Un rien le fait chuter symboliquement et physiquement » Faire grandir toutes ses maîtrises prend du temps et de l’énergie.

Il a besoin de l’adulte. L’adulte est un refuge en qui il doit avoir confiance. Il apprend la confiance en soi en s’appuyant sur des tuteurs tels que les objets transitionnels (doudous, tétines) et l’adulte qui lui prodigue conseils, repères, limites, interdits… Il doit arriver à se sentir raciner et stable.

Pour que cela se réalise, il faut prendre en compte ses besoins en gardant toujours en tête qu’il est encore très « poreux ». Il n’est pas encore « fini ». Il faut donc arrondir la forme pour qu’il ait accès au contenu de l’information qu’on lui propose. Il a besoin de sécurité, de repères de personnes (ce qui n’est pas un problème chez une assistante maternelle, mais qui l’est dans une grande collectivité). Il a aussi besoin de sécurité de temps et de rythme et donc d’avoir une journée organisée pour qu’il puisse se repérer. Il doit savoir dans quel ordre les évènements vont arriver. Il est donc très utile de « mettre les enfants en liste » pour qu’ils repèrent qui mange après qui, qui est changé après qui…..Ils peuvent ainsi se projeter.

Il va avoir besoin de repères de place dans l’espace caractérisés par un casier, un porte manteau, une place à table… C’est un enfant qui est de moins en moins porté, mais qui a encore besoin de l’adulte, adulte qui doit faire en sorte qu’il se sente en confiance. Il est donc important de travailler dans la régularité des gestes (temps du change bien scénarisé par exemple). La répétition des gestes va permettre une relation sereine entre l’enfant et celui qui prend soin de lui.

Le lieu où il joue doit être aménagé en fonction de lui avec des meubles fixes et costauds, avec des rayonnages pour qu’il puisse « picorer » de partout. Il faudra alors veiller à ne pas proposer des jouets en grand nombre car si il y en a trop il se sent dépassé, embarqué. Il s’éparpille. La solution est de disposer des petits contenants avec un nombre limité d’objet à l’intérieur. Il ne sert à rien de fournir 50 petites voitures par exemple. Cela lui permet ainsi de garder les objets en main, de se les approprier pour mieux les toucher ; ça reste à sa mesure. Un autre exemple : plutôt que d’avoir une grosse caisse avec beaucoup d’animaux, il vaut mieux avoir plusieurs petites boites avec 5 animaux dedans, chaque enfant pouvant s’approprier une boite.
L’espace doit être ouvert. Il est judicieux de positionner les meubles au milieu de la pièce pour donner à l’enfant des moyens de fuite. Il faut que ce soit stable, que les jeux soient toujours positionnés aux mêmes endroits pour que l’enfant les retrouve, ne pas changer de jouets trop souvent (c’est l’enfant qui indiquera par son comportement le moment de lui proposer d’autres jouets).

L’enfant dans sa deuxième année a encore besoin d’être dans les bras. Même si il devient de plus en plus autonome, et qu’il sera de moins en moins demandeur, il a besoin de moments individuels avec l’adulte. Lors des repas il faut veiller à respecter son rythme, à lui apporter aide et soutien. Sur ce sujet particulier, Sylvie Lavergne ne s’est pas attardée car cela fera l’objet de la prochaine soirée débat de l’association qui se déroulera le 7 avril et aura pour thème : Le temps du repas : temps de plaisir et de communication ?

Au niveau de ses besoins sociaux, on doit lui présenter les us et coutumes, les repères et les règles du monde pour alimenter sa sécurité physique et psychique. On doit lui faire confiance.

L’activité libre est très importante. Inutile de rappeler qu’il n’est pas nécessaire de le solliciter pour la marche : son corps le concerne. Lui seul sait quand il a besoin de le faire.

Le document filmé nous a permis de voir tout cela en images. On a pu observer des enfants à qui on laissait le temps d’agir à leur guise, dans un environnement en adéquation avec leur taille et leurs besoins.

Il s’en est suivi un débat, alimenté principalement par les images que l’on venait de voir. Notamment, une question a été posée sur le fait qu’on ne voyait pas de chaises mais uniquement des tabourets dans les lieux présentés. Sylvie nous a donc expliqué les raisons. Avec une chaise, on pense caler l’enfant mais en fait à l’observation on voit que lorsqu’il est installé, il ne touche pas les pieds par terre. De plus, l’enfant n’est pas capable de s’y installer seul, car il est gêné par le dossier voire même des accoudoirs. Avec un tabouret au contraire grâce à l’assise ouverte des 4 côtés l’enfant peut s’installer seul et de façon telle que ses pieds touchent par terre. Il est garant de son assise, équilibré et peut s’asseoir à cheval si il désire changer de position ou assurer son équilibre. Plus on proposera à l’enfant d’être contenu (dans une chaise) plus il s’affaissera. Si on doit utiliser une chaise, et donc aider l’enfant à s’asseoir, il vaut mieux tenir le dossier de la chaise plutôt que de tenir l’enfant.

Une autre question a été posée sur le port des chaussures. On a effectivement vu dans le film des enfants pieds nus. Le pied de l’enfant doit en effet rester libre. Il lui faut une prise directe avec l’environnement pour avoir des informations précises qui le rééquilibrent.

A une question d’une assistante maternelle qui demandait comment gérer les problèmes d’opposition entre 3 petits de l’âge concerné, Sylvie proposera de veiller à garantir la place de chacun, ainsi qu’une prise en charge individualisée.

Il restait sans doute de nombreuses questions, mais le temps manquait et la soirée a du prendre fin.

Forte des conseils prodigués, j’ai, dès le lendemain procédé à quelques aménagements dans ma propre salle de jeux. Mes grosses chaises de chez "mes amis suédois" ont été remisées et je n’ai gardé que les tabourets. J’ai décollé du mur la cuisine de chez "les mêmes amis suédois" ainsi qu’une étagère pour les positionner perpendiculairement par rapport à ce mur.

(En plus, comme la cuisine n'a pas de fond, les grands se servent de l'espace vide entre le haut et le bas comme d'une banque pour jouer à la marchande)

Je n’ai pas pu les décoller complètement du mur par manque d’espace mais ça m’a permis de créer 2 espaces distincts qui donnent aux enfants la possibilité de s’isoler, et de circuler dans la pièce. J’ai élagué la bibliothèque pour ne laisser que quelques livres (trop, les enfants ne font que les éparpiller au sol), idem pour les voitures, les animaux, les assiettes de la dînette…..

Je remercie Sylvie pour ces précieux conseils. Les enfants semblent ravis et moi aussi car en plus de bénéficier tout au long de la journée d’une ambiance plus sereine, le rangement du soir est grandement facilité.





3 commentaires:

  1. superbe article Cathy, merci ! (j'adore la nouvelle présentation du blog)

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  2. Tres bien
    et oui trop de jouet d'un coup tu l'envie de jouer
    chez moi il y a des coins un peu partout entre les meubles et bien souvent l'enfant aime jouer là plutot que danss le grand espace de passage
    ou même sous la table

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