Samedi 5 février 2011 avaient lieu dans les somptueux locaux du conseil général du Rhône les 5èmes rencontres professionnelles des assistantes maternelles organisées conjointement par l’AAMADEL et TPMA.
Un fil rouge a été suivi tout au long de cette journée : assistantes maternelles d’aujourd’hui, assistantes maternelles de demain. Sous ce titre, nous avons pu débattre à travers la participation de divers intervenants des nouvelles façons d’exercer la profession.
Les organisateurs avaient bien fait les choses. Chaque participante a été accueillie avec un petit cadeau et c’est dans le luxe d’un salon d’apparat que les différents débats se sont enchaînés.
Madame Dominique Nachury, vice présidente du Conseil Général du Rhône nous a fait l’honneur d’ouvrir la séance. Elle a rappelé quelques chiffres comme le nombre d’assistantes maternelles dans le département (14500 dont 13000 en activité). Elle a aussi indiqué que sur Lyon nous étions 2723 et a précisé que 1300 agréments avaient été délivrés en 2010 dont 272 à Lyon.
Vint ensuite le tour de Mr Fournel, adjoint au maire de Lyon chargé de la petite enfance. Après avoir brièvement parlé de la complémentarité des modes d’accueil sur le département en précisant que sur Lyon 7000 enfants étaient accueillis par des assistantes maternelles pour 13000 en crèches, il a très vite jeté un sacré pavé dans la mare. Il a tenu à nous avertir tout de go que les MAM (Maisons d’assistants maternels dont je reparlerai plus loin) un des sujets phares de la réunion, ne pourraient bénéficier d’aucun soutien de la part de la ville de Lyon. Se basant sur le fait qu’aucune responsabilité collective n’était définie par la loi, il nous a prévenu d’emblée que nous n’avions rien à attendre de la ville quant à la création d’une telle maison.
Pour finir ce préambule, la présidente de l’association AAMADEL, Mme Soraya Souilah, que j’avais déjà eu le plaisir de croiser à la soirée « les marionnettes jouent la différence » (http://nounoustaties.blogspot.com/2010/10/les-marionnettes-jouent-la-difference.html) a présenté tour à tour, son association et les différents débats jalonnant la journée, parlant des compétences des assistantes maternelles, du manque de moyens de communication et de l’évolution du métier.
Les festivités ont alors commencé avec l’arrivée au pupitre de Mr Jean Epstein qu’on ne présente plus dans la profession tant ses interventions sont appréciées, aussi bien dans ses conférences que dans ses écrits (voir l’article http://nounoustaties.blogspot.com/2010/06/jean-epstein-psychosociologue.html). Il a insisté sur le mot « professionnelles » car la reconnaissance du métier a été et est encore un long combat. Il précise d’ailleurs que l’assistante maternelle vient toujours à l’heure actuelle en 2ème choix après la crèche quand les parents cherchent un mode d’accueil.
Il nous amène à nous interroger sur la reconnaissance des métiers de la petite enfance qui devrait être importante puisqu’on lit de partout que « tout se joue avant 3 ans » (lui-même préfère d’ailleurs la version de Dolto qui disait « tout se joue avant la mort…. Ou presque !!!). Pourtant c’est loin d’être gagné. Il en veut pour preuve le fameux rapport Tabarot sur la petite enfance dans lequel on pouvait lire (c’est son interprétation) qu’il n’y avait que des fainéants dans la profession puisque dans d’autres pays les assistantes maternelles avaient plus d’enfants en charge, que nous n’avions pas besoin de formations (… pour changer des couches…) et qu’on pouvait donc diminuer le nombre de diplômés dans les structures collectives ; et que, puisque le métier n’était vraiment pas fatiguant, les seniors pouvaient très bien arrondir leur retraite en « gardant » des enfants.
Difficile ensuite de vous résumer son intervention, les personnes ayant déjà assisté à un de ses « shows » comprendront pourquoi !! Mr Epstein jalonne son discours d’anecdotes réelles ou fictives qui passionnent et amusent son auditoire. Ça part un peu dans tous les sens, mais à chaque fois, il en ressort des informations importantes sur la façon d’exercer la profession.
Ici, il nous a parlé :
- de la manière dont les parents choisissent leur assistante maternelle, insistant sur le fait que nous ne devons en aucun cas nous comporter comme des « copains » avec les parents afin de ne pas perdre le professionnalisme ;
- de l’importance de ce que l’enfant « vit » et non pas « fait », de lui dire « Je » plutôt que de rentrer dans ce qu’il appelle une relation klaxon (tu-tu-tu-tu) ; de ne pas donner un sentiment d’incompétence aux parents ;
- de la confiance qui doit s’instaurer entre tous ;
- de la nécessité de flexibilité pour s’adapter au besoin des parents.
Mais je ne dévoilerais pas tout, pour préserver l’effet de surprise et ne pas gâcher votre plaisir si un jour vous assistez à une de ses conférences.
Il a conclu son discours sous les applaudissements en nous disant que notre profession était un métier d’avenir à condition de veiller à ne pas prendre trop de pouvoir, et d’ouvrir l’œil sur la qualité !
Après une pause, les débats ont repris avec le deuxième thème de la journée : « Travailler dans une micro-crèche ».
Le but de ce débat n’était pas véritablement de nous expliquer les démarches à effectuer mais de nous présenter un cas concret, celui de la micro-crèche « Les coccinelles » à Brantôme en Dordogne. L’auxiliaire de puériculture et l’assistante maternelle à l’origine de ce projet qui s’est concrétisé (très rapidement me semble-t-il par rapport aux autres créations de ce genre) en 8 mois sur la base d’une association loi 1901 ont expliqué les différentes démarches qu’elles ont effectuées et le public présent a pu poser les questions qui en découlaient. Vous trouverez une présentation de leur structure sur ce site : http://www.nama24.com/jeanganiayre/?p=644, inutile donc que je me lance dans un copier-coller.
Quant aux questions, elles ont fait ressortir :
- qu’un tel projet est difficile à mener à son terme (mais on peut s’en réjouir puisqu’on ne peut pas prendre à la légère l’accueil des enfants) ;
- que cette structure particulière avait eu la chance de tomber sur des opportunités qui rend son expérience unique et peu exemplaire par rapport aux autres structures du même genre ;
- que les efforts fournis pour cette création n’apportent pas une plus-value en matière salariale puisque l’assistante maternelle nous précise qu’elle a perdu son statut et gagne moins que quand elle travaillait chez elle.
C’est sur cette dernière remarque que s’est conclu le débat, une assistante maternelle du public interpellant les intervenants sur le fait que cela représentait beaucoup d’efforts et de sacrifices pour au final ne gagner que 900 euros par mois ! Bien sûr, il lui a été répondu que l’argent importait peu par rapport à la qualité de vie et de conditions de travail que l’on pouvait trouver avec cette nouvelle façon d’exercer. Cendrine Navarro a même répondu que si on faisait cela pour de l’argent, effectivement il ne fallait pas se lancer dans l’aventure !! Certes, mais pourtant on ne vit pas d’amour et d’eau fraîche, et je souhaite à Cendrine d’avoir la chance et la possibilité de pouvoir se contenter de 900 euros par mois toute sa vie, sans devenir SDF. Je n’ai pas cette chance et conserverai donc mon statut d’assistante maternelle un petit moment encore.
Après la pause « déjeuner », la conférence a porté sur les MAM.
Une MAM, c'est un local où 4 assistantes maternelles (maximum) se regroupent afin d'exercer leur métier. Contrairement à la micro-crèche, les assistantes maternelles y travaillant conservent leur statut ; les employeurs continuent à les rémunérer directement. Il y a un cadre légal mais la MAM n’est pas tenue à la même réglementation que la micro-crèche. Au cours de l’après-midi, nous avons pu débattre avec 4 assistantes maternelles ayant créé leur maison à Saint Laurent du pont en Isère et des précisions juridiques nous ont été fournies par Sandra Nadjar, avocat à la cour. L’intervention des 4 assistantes maternelles était intéressante mais, tout comme pour le débat sur les micro-crèches, je déplore le fait que l’exemple choisi n’était pas vraiment représentatif puisque la création de cette maison datait d’avant la loi autorisant leur réalisation. Il en résulte alors que le mode de fonctionnement choisi n’a rien à voir avec ce qui peut exister depuis la loi.
Il ressort tout de même de ces différentes interventions, l’importance de faire appel à des intervenants extérieurs pour faire un projet pédagogique (par exemple un médecin de pmi) car l’enjeu est de travailler ensemble et non pas les uns à côté des autres. Il ne faut pas non plus perdre la notion de « Maison » et donc ne pas être tenté de calquer le projet pédagogique sur ce qui se fait en crèche. Il serait dommage de ne pas profiter de la souplesse qui est conservée par rapport aux autres structures collectives (possibilité de cuisiner par exemple, ou d’avoir des animaux domestiques).
Aux réticences exprimées par Mr Fournel en début de journée, il sera répondu qu’il n’était pas nécessaire de demander l’accord de la municipalité pour créer une mam et que dans la mesure où on ne demandait pas de subventions, celle-ci n’avait pas à intervenir et que le cadre légal existait bel et bien. L’intervention d’une personne dans le public en pleine création d’une MAM sur Villeurbanne semble nous prouver que tout n’est pas si simple !!
Pour en savoir plus, il existe des formations proposées par EDRA, animées par un avocat spécialisé et une consultante spécialiste de l’accueil des jeunes enfants. Elles durent 2 jours et coûtent 150 Euros en individuel ou 400 euros au titre de la formation continue. Les prochaines sessions se dérouleront à Bordeaux les 17 et 18 mars, Strasbourg les 7 et 8 avril, Lyon les 12 et 13 mai, Marseille les 9 et 10 juin 2011. Vous trouverez les bulletins d’inscription à retourner à EDRA dans Assistantes Maternelles Magazine.
Il y eu ensuite une pause durant laquelle Mr Epstein a pu dédicacer son dernier ouvrage tandis que d’autres assistantes maternelles posaient pour la postérité ou plus sérieusement pour le magazine déjà cité, sur le perron de la préfecture.
J’ai particulièrement apprécié la dernière conférence de la journée qui portait sur « la qualité de l’accueil ». Mené par Marie-Paule Thollon-Behar, psychologue responsable du pôle de recherches « petite enfance, développement et qualité de l’accueil de l’université Lyon 2, cet exposé traitait de la nécessité de démontrer la qualité de l’accueil de l’enfant et de sa famille, en lien avec les réticences sur les nouvelles façons de travailler. La psychologue nous a proposé une démarche réflexive basée sur 2 axes :
- les critères de qualité, forcément suggestifs puisque chacun à ses propres critères ;
- les indicateurs, une notion plus objective puisqu’ils permettent de vérifier si les critères sont atteints.
Et comme Marie-Paule Thollon-Behar a bien fait les choses, vous trouverez l’essentiel de ses propos dans un diaporama se trouvant sur son site :
Madame Luce Dupraz, historienne et sociologue est venue conclure les débats. Elle a parlé de l’enthousiasme qu’a pu provoquer l’évocation de ses nouvelles façons de travailler que représentent les MAM et les micro-crèches, évoquant la rupture de l’isolement pour l’assistante maternelle et la possibilité d’évoluer dans des locaux plus adaptés avec une professionnelle plus tranquille pour l’enfant (attitude qui se répercute sur l’enfant).
Je reste pour ma part plus dubitative. Si ces nouvelles structures sont très certainement envisageables et souhaitables en milieu rural, leur création me semble beaucoup plus compliquée dans une grande ville, les candidates à l’aventure devant se heurter à la mauvaise volonté des pouvoirs publics ainsi qu’à la réalité du marché immobilier pour obtenir au final un maigre salaire guère compatible avec la vie dans une grande agglomération.
Je préfère de loin retenir de cette journée les pistes données par Jean Epstein et Marie Paule Thollon-Behar pour une meilleure qualité d’accueil.
Je remercie pour finir l’association AAMADEL, qui par la bouche de sa présidente a eu le mot de la fin. Cette journée a été très enrichissante. Je mesure le travail que l’association a du fournir pour mener à bien une telle opération. Un grand merci à tous les organisateurs.
j'ai eu la chance de pouvoir assister à cette grande journée d'informations,de questions et de débat qui a été pour moi très enrichissante .Malgré tout ce qui a pu se dire ,avec mes 4 collègues nous allons quand même nous lancer dans l'aventure de la création de notre mam .Nous sommes très motivés et nous allons faire en sorte que notre métier reste d'une très bonne qualité d'accueil sans toutefois jouer les petites sœurs des pauvres .
RépondreSupprimerJe trouve que Jean Epstein fait du réchauffé, il ne dit rien de neuf, a les mêmes gimmicks de conférences en conférences et saupoudrent ces interventions de faits d'actualités récents pour montrer qu'il est proche de la réalité, plusieurs filles qui assistaient pour la 4e fois à une intervention d'Epstein trouvent qu'il radote !
RépondreSupprimerCertes. Je trouve aussi. C'est un peu comme si on allait voir 4 fois le même spectacle de Gad Elmaleh, la 4ème fois on rit moins !! Mais bon même en réchauffé, on arrive toutefois à sortir de la conférence avec une motivation à bien travailler, si tant est qu'on l'ait perdue en route (la motivation) !!! Tiens d'ailleurs à propos des faits d'actualités récents saupoudrés, je voulais en parler ici justement. A suivre donc !!
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