lundi 5 juillet 2010

Les jeux et jouets

Parmi les nombreuses réunions auxquelles j’ai assisté à l’association Pikler, beaucoup traitaient du jeu, activité principale du très jeune enfant. Je vais tenter de vous en faire un petit résumé en mixant toutes les informations que j’ai retenues. Il s’agira bien entendu d'aborder le thème dans l'approche et la pensée Pikler

Il sera donc question des jouets que l'on propose aux tout petits mais aussi et surtout des conditions dans lesquelles on leur donne.

La première chose évidemment c'est de donner des jeux en adéquation avec ce que le petit sait faire, l'installer dans des conditions favorables, dans un environnement connu pour qu'il joue durablement, en confiance. On permet à l'enfant d'avoir une activité libre émanant de la motricité libre chère à Pikler.



Il y a pour cela quelques règles à respecter :

1 : la notion de temps et de répétition :
L’enfant invente ses propres règles avant même d’avoir connaissance du mode d’emploi de l’objet. Il faut laisser libre cours à la répétition devant l’échec sans intervention de l’adulte. La consigne verbale n’est pas efficace, la réussite vraie n’est que dans l’expérimentation propre à l’enfant : laisser l’enfant « tâtonner ». Ne pas montrer à l'enfant comment il doit jouer, ne pas mettre l'objet dans la main de l'enfant, ne pas agiter l'objet devant les yeux du bébé, ne pas jouer à la place de l'enfant, rester à sa place d'adulte. Pour le tout petit cela peut être source de stress ou d'agacement : vous ne savez pas si il était prêt à recevoir votre proposition. Pour les plus grands, vous allez d'une façon plus ou moins consciente diriger le jeu de l'enfant et jouer à sa place.

Ne pas oublier que l'enfant a besoin de temps, de répétition et de pauses. L'activité libre a besoin de s'installer dans la durée Il ne faudra donc pas déranger l'enfant dans le jeu même si il semble ne rien faire.

2 : la notion de sécurité en tenant compte des capacités physiques et psychiques de l’enfant en lien étroit avec sa maturité.
On placera l'enfant en sécurité. Les jeux sont placés au sol pour les tout petits et ensuite on adapte le positionnement au développement de l'enfant. Les jeux pour les plus grands seront disposés sur des étagères ou tout simplement le long des plinthes, dans des contenants divers et variés qui ne doivent jamais être trop remplis.

3 : la notion pédagogique qui est indicatrice de l’apprentissage et des acquis propres à l’enfant :
Il faut s'intéresser à la valeur pédagogique de l'objet (ou jouet) proposé. Cela doit lui permettre d'entrer en contact avec lui-même et avec le monde. Il doit permettre son développement psychique, moteur et cognitif. Ne pas oublier que cela va représenter les fondations de ce que le niveau scolaire va lui demander. Il faudra donc lui donner des jouets en adéquation avec son niveau. Un exemple : les boites gigognes sont très compliquées pour un tout petit : la petite boite va toujours rentrer dans la grande mais la grande ne rentrera jamais dans la petite.... malgré ses efforts, alors pourquoi ne pas proposer d'abord à l'enfant de jouer avec les fameux verres en plastique Ikéa. Au moins ils sont tous empilables.



On installera donc l'enfant dans un endroit toujours identique, on placera les objets de façon pertinente. Il faudra attendre qu'il soit capable de bouger pour éloigner les objets. L'enfant doit pouvoir prendre le jouet lui-même pour ne pas être dépendant de l'adulte. Il faut aussi remettre l'espace en place régulièrement pour qu'il soit toujours stable. Les jouets donnés doivent être simples pour que sur une base simple l'enfant puisse faire toutes sortes de manipulations. Les objets du quotidien font très bien l'affaire (voir en fin d’article quelques exemples d’objets à proposer)
Les jeux plus complexes doivent être présentés d'abord de façon simplifiée (exemple au départ on ne mélangera pas des légos carrés et d'autres rectangulaires)
Pour les plus grands, on ne présentera pas les jeux de façon scénarisée. Par exemple on placera la ferme et à côté un contenant avec les animaux. Il faut éviter d'intervenir car si on intervient trop, on rend l’enfant dépendant de nous et on arrive au résultat inverse à ce que l'on voulait au départ.
Prenons exemple des jeux d'encastrement que l'on propose aux enfant : on a tous tendance à montrer à l'enfant comment remettre la pièce qu'il vient d'enlever. On pense que le but du jeu est qu'il arrive le plus rapidement possible à remettre la pièce en place. Or pour l'enfant le plus important c'est le cheminement de toutes les différentes étapes qui vont l'amener à comprendre le but du jeu. Il est donc très important de le laisser s'amuser avec la pièce, la toucher, la sucer, jouer avec de n'importe quelle façon et le laisser découvrir de lui même petit à petit que la forme qu'il a dans la main est la même que celle qui se trouve sur l'autre partie du jeu et qu'elles peuvent donc s'encastrer l'une dans l'autre.
Nous devons souligner aussi la différence entre l'activité libre et l'activité proposée :

De l’une découle une notion de plaisir, de gratuité, de l’autre une activité avec ses règles.

L’activité libre est une aide à l’enfant qui est alors « auteur, compositeur, interprète » de sa découverte, de son activité. Elle permet à l’enfant de se découvrir, de se comprendre, de se connaître. Les jeux restent à disposition de l’enfant.
L’activité proposée est une activité dite d’éveil, elle incite l’enfant à l’aspect créatif des choses à l’aide d’un support proposé. Elle incite de même l’enfant à avoir un usage de lui dans un cadre. Mais elle reste réservée à l’enfant plus grand car ce dernier se connaît. Elle lui apporte des outils du monde. Seul, l’enfant qui se connaît est capable de les explorer.

Passer de l’une à l’autre, c’est passer du "jeu" au « je »
Les deux activités doivent conduire l’enfant à s’apprendre en tant que petit enfant et mettent à sa disposition ce dont il a besoin en le laissant aller au bout de ce qu’il a entreprit tant que son intérêt reste présent.

Les activités, les jeux ne peuvent être imposés à l’enfant, ils impliquent une participation libre (l’enfant vient, part, revient, repart …etc.) ainsi que son libre consentement.

La contrainte et le jeu sont antinomiques.

Pour conclure, voici donc une liste non exhaustive des objets et jouets à proposer.


1 ) Les jouets du premier âge laissés à disposition et non mis en main  :

Des objets simples : carrés de tissus différents, anneaux bois (anneaux de rideaux), sphères plastiques (boules de sèche-linge à picots, repose-savon-ventouses, .volant badminton …), métal … bouées (intéressantes pour leur légèreté)

Des contenants : seaux, paniers, petit caddie, panières à linge, bassines…


2) Entre 1 et 2 ans :

L’enfant est dans l’exploration du « territoire » laissé à sa disposition ( attention aux consignes de sécurité) : il n’est plus cantonné dans le coin des petits, il promène ses jeux … il explore la cuisine, la maison …Cela peut être bénéfique de lui laisser un placard avec des objets d’usage liés à la pièce, réservé à lui : mini passoire, casserole, torchon, flacons (soigneusement vidés et rebouchés : toujours garder à l'esprit la notion de sécurité)

3) Entre 2 et 3 ans :

L’enfant se situe principalement dans l’imitation. A ce stade, il faut faire attention à la juste quantité et au rangement.

• La plus juste quantité : rien ne sert d’avoir 15 assiettes pour la dînette, 4 suffisent, accompagnées des 4 verres, 4 couverts, torchons, serviettes …

• Le rangement s’effectuera par thèmes, dans de petites caisses, seaux, bassines…Ces contenants restent à l’échelle de l’enfant et chaque chose possède sa place (ne pas permuter de place par ex, le garage, la dînette, le matelas à roulades) afin de permettre à l’enfant d’explorer, de jouer dans la continuité.

Ainsi s'achève cet article. Je tiens à signaler qu'il  a été réalisé à l’aide de mes propres cr post-réunions mais aussi ceux de la modératrice du forum : £ugévinie . Je tenais à la remercier.

3 commentaires:

  1. Toujours très agréable de te lire
    Et oui il faut laisser l'enfant jouer simplement et faire ses experiences

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  2. Merci pour cet article Cathy, c'est très clair et très inspirant !

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  3. Bravo. C'est bien écrit, simple, clair, et interressant, comme toujours. Je suis fan !

    Hier j'étais en pique nique au parc, on avait fait les transvasements d'haricots rouges la veille. J'ai servi de la salade de riz aux 2 petits bouts que je garde. Le plus grand (2 ans), attrape son bol, celui de sa copine, et consciencieusement transvase son riz dans le bol de la copine, avec la cuillère, en s'appliquant !
    Parfois, vraiment, je m'éclates trop dans ce job et de simples petites choses comme ça me mettent de bonne humeur pour la journée !

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